Extrait Shopfloor Trend Watching Report, mai, n°32
À l’inverse des impressions que m’avait laissées le concept-test de Bierges, l’hypermarché de Mont Saint-Jean traduit une volonté de recréer une expérience de shopping positive, dynamisante et fidélisante.
La rationalisation de l’assortiment, principalement dans le non-food, va permettre à Carrefour de prendre ces distances avec l’image (caricaturale ?) de l’hypermarché proposant tout sous le même toit. Des études n’ont cessé de démontrer que cette perspective n’avait plus le pouvoir fédérateur d’autrefois.
Revers de la médaille, pour les rayons non-food maintenus et renforcés Carrefour devra développer des USP forts, pour marquer sa différence avec les enseignes qui ont servi de benchmark. Lors de contacts informels, des insiders de l’enseigne citaient H&M ou Zara Home comme point de référence. Si l’on compare l’assortiment textile de Mont Saint-Jean et un magasin H&M par exemple, Carrefour ne tient pas la comparaison rien que sur le critère largeur du choix, logique en somme. Reste alors à faire la différence sur le rapport qualité/prix. Un exercice qui ne sera pas simple.
L’implémentation d’espaces de shopping adaptés aux catégories proposées (multimédia, home, textile, culture, Carrefour corner frais et ultrafrais…) participe à la création d’une atmosphère de shopping décontractée, qui tranche avec l’ambiance corvée généralement associée aux courses en grande surface alimentaire.
Toutefois, chaque espace est tellement travaillé qu’on en oublierait presque que nous sommes chez Carrefour. Est-ce une bonne stratégie dans la perspective d’un investissement sur la marque Carrefour. Il sera intéressant (je sais que j’exagère la description) de voir si les shoppers n’auront pas trop l’impression de passer d’un univers Mediamarkt, à un univers Fnac, pour passer dans un mini-H&M, avant de penser à la déco chez Zara Home … et terminer la boucle par la place du marché. Où est le fil rouge Carrefour dans tout cela ?
Et le roll out ? Carrefour n’en fait pas mystère, deux approches sont en phase test. Une pour les grands hyper, l’autre pour les plus petits. Flémalle sera le second petit hyper a basculé vers le concept testé à Lier. Pour les grands hyper, le remodeling de Schoten, selon le modèle Mont Saint-Jean, est annoncé dans un article publié par le Trends le 19.05.2010. Je suis impatient de voir comme les concepts décrits dans ce rapport seront traduits sur un espace commercial plus modeste.
Et l’exécution ? Contrairement à mes habitudes, j’ai assez peu parlé des do’s & don’ts observés pendant mon heure de visite. Et pourtant j’en ai vu, et parfois des exécutions à l’opposé du bon sens. Mais comme les erreurs d’exécution ne peuvent à elles seules remettre les réflexions conceptuelles est question, j’ai préféré ne pas y consacrer un paragraphe complet.
Un cas malgré tout, relevé dans la zone décoration de la chambre. Un ensemble all-in-one y est présenté. Même si en soit cela n’a rien d’exceptionnel si l’on visite de temps à autre des enseignes comme IKEA, Habitat, Zara … (la liste est très longue), la scénarisation est une nouveauté dans l’environnement hypermarché. Donc un do’s. Mais un dont’s de taille : l’affichage prix. Des affichettes jaunes (un article = un prix) sont punaisées sur un tableau en liège. Les enseignes citées quelques lignes plus haut utilisent des affichettes prix dans des tons plus chauds, parfois même les articles sont illustrés à côté des prix correspondants. Bref, la scénarisation et les supports d’informations sont intégrés pour faciliter le processus de shopping. Ce n’est pas (encore) le cas ici.
Quoi qu’il en soit, la conclusion générale reste positive à mes yeux. Les concepts sont là. Ils doivent être crash testé, analysés, décortiqués … et affinés. Si Mont Saint-Jean est un avant-goût de ce que pourrait être l’hypermarché de demain, il n’est pas impensable que ce format refasse rêver les shoppers, c’est tout le mal que l’on peut souhaiter à Carrefour.